Cherbourg est une île tropicale.

Elle a rangé ses parapluies, déployé ses palmiers.

  Ce n’est pas une ville normande du cotentin mais un jardin polynésien. La preuve : en 1963, quand Jacques Demy tourna les parapluies de Cherbourg, palme d’or à cannes, il eut recours aux lances d’incendie des pompiers qui arrosèrent, faute de pluie, Catherine Deneuve.

 Pour un peu, la manche serait un lagon et les îles anglo normandes, des atolls du pacifique.....

Parc Emmanuel Liais, dans le centre ville, non loin de la préfecture maritime : à l’ombre d’un palmier chinois livistona borbonica, aux palmes vertes piquées d’un jaune doré, chantent un merle métallique du japon et des perruches australiennes.

 Explorateur, astronome, botaniste, maire de Cherbourg à la fin du XIXème siècle, Emmanuel Liais dirigea l’observatoire de paris, créa celui de Rio de Janeiro et sema des étoiles dans la tête de ses concitoyens. A l’emplacement de sa maison a été élevé un musée ethnographique. Dans les salles bleutées qui auraient ravi Bouvard et Pécuchet, on embarque pour l’Égypte, le pôle Nord, les îles Salomon, la nouvelle guinée, la chine. S’y mêlent un traîneau d’esquimaux avec des patins en os de baleine, des défenses de poissons scies, des sagaies, un bouclier de zanzibar en cuir de rhinocéros, une massue de forme phallique, une momie égyptienne et un sarcophage qui fut le dernier travail de traduction de Champollion.

  Cette malle au trésor a été rapportée par des marins cherbourgeois. Au XIXème ils habitaient la rue des portes, la rue au blé ou la rue de la marine, il faut savoir se perdre dans ce vieux Cherbourg, dans les passages biscornus qui abritent des jardins plantés de palmiers.

  Mais la Polynésie a parfois été fatale aux cherbourgeois. En 1942, le sous-marin Surcouf de la France libre coule alors qu’il fait route vers tahiti. Un monument est élevé à la mémoire de son équipage au bout de la jetée du vieux port. Les sous-marins, c’est la spécialité de l’arsenal qui en a construit plus de cent. Aujourd’hui cet établissement des constructions navales est le plus moderne d’Europe et construit des sous-marins nucléaires dernière génération.

  En face du port de plaisance qui est le plus important de France par le nombre d’escales (11000 par an) la gare maritime, chef d’oeuvre de l’art déco abritera dès l’an prochain une cité de la mer dédiée à l’exploration des fonds sous-marins.

A l’époque des transatlantiques, on descendait du train de Paris, on montait les escaliers, on pénétrait dans la salle des pas perdus. Miracle ! le décor n’a pas changé : Carrelage d’époque, comptoir en bois exotique, lettrines des années 50 de la Cie britannique Cunard Line, standard téléphonique à fiches. Au kiosque à journaux, un panneau publicitaire vante le New York Harald tribune. Dans la salle des douanes on imagine croiser Liz Taylor et Richard Burton débarquant du Queen Elizabeth. Cherbourg s’est aussi la promesse de l’Amérique avec des émigrants pendant l’entre deux guerres séjournant à l’hôtel atlantique avant d’appareiller pour Ellis Island.

  C’est aussi l’escale du Titanic le 12 avril 1912, venu chercher 272 passagers en provenance de Paris.

 

 

Le songe américain se prolonge aujourd’hui avec le projet de relier Philadelphie à Cherbourg par des navires a grande vitesse qui mettraient les deux ports à trois jours l’un de l’autre.

Cherbourg est aussi reconnaissante aux américains du 7ème corps d’armée de l’avoir libérée. Port de la liberté pendant la bataille de Normandie le fort du roule en garde les traces, surplombant la ville et la plus grande rade artificielle du monde au large de laquelle eut lieu un combat naval entre « l’alabama» un célèbre navire corsaire confédéré et un navire nordiste.

  Au bar le mille sabords, des matelots en bordée ont oublié leur vareuse…

Selon l’adage local « on vient à Cherbourg en pleurant, on en repart en pleurant » les marins en ont fait leur plus chaleureux port d’attache. La Polynésie normande les a ensorcelées. Ils ne veulent plus troquer les palmiers contre les parapluies de leur pays….

 

En savoir plus sur Cherbourg : une page personnelle sur Cherbourg (remarquable)

                                                  le site officiel de la ville (officiel donc un peu austère mais complet)

                                                  découvrez la rade avec la vedette "la vega" (une balade incontournable)

 

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