La digue de Cherbourg

La digue de Cherbourg est unique au monde. Vitale pour le port qu'elle protège des assauts de la houle. Ce chef-d'oeuvre nécessite un entretien régulier qui est en partie assuré par la Marine Nationale.

Achevée en 1853, la digue qui a permis de créer une rade abri au fond de la baie de Cherbourg fut, à l'époque de sa conception, un projet aussi fabuleux que les pyramides du plateau de Gizeh. Plus ambitieuse que le breakwater de Plymouth, son contemporain, sa construction a marqué l'histoire des techniques hydrauliques. Les travaux, qui ont duré 70 ans, ont inspiré les hollandais pour leurs polders et les russes appelés à construire le barrage d'Assouan.

Le brise lames de Cherbourg a le profil d'un barrage à gravité. Mais celui-ci a été construit en mer, sans ancrage à la côte ou aux berges d'un fleuve. Constituée de pierres perdues, surmontée d'une chape de béton sur laquelle est fondée une haute muraille, c'est ni plus ni moins une île artificielle protégée par des enrochements de granit, longue de 3712 mètres, large de 100 à 150 mètres à la base et de 10 mètres au couronnement.

Une île érigée par les hommes

Haute comme un immeuble de six étages, cette île émerge à 3,75 m au dessus des plus hautes mers. Elle doit son existence au fait que la flotte française ne possédait pas de port naturel sur une mer où la flotte anglaise, son ennemi héréditaire, pouvait s'abriter derrière l'île de Wight, dans les havres en partie fermés de Portsmouth et de Poole, à Portland ou à Plymouth.

La Marine a donc très tôt ressenti le besoin de créer un port artificiel en manche centrale. C'est le Capitaine de Vaisseau Couldre de la Bretonnière qui imagina de protéger la baie que la nature avait créée en face de l'embouchure de la Divette par un ouvrage en pleine mer.

La proposition de cet officier de marine était de couler sur place tous les vieux vaisseaux du royaume après les avoir bourrés de maçonnerie pour en faire le noyau central d'une digue longue de 4 kilomètres. (une technique reprise avec succès sous le nom de ublockships par Sir W. Churchill en 1944 à Arromanches).

Cette solution fut toutefois écartée. Interrompu par la révolution, le chantier fut repris par les travaux maritimes selon l'idée initiale de la Bretonnière, et poursuivi sous l'empire, Napoléon affichant sa résolution "de recréer à Cherbourg les merveilles de l'Egypte". A sa demande, une batterie fut même élevée au centre de la construction. Elle sera détruite en 1808 Par une tempête qui fit 246 victimes. Mais au prix de gros efforts, le talus sous-marin s'engraissera de blocs extraits des carrières locales. Sous la monarchie de juillet, les ingénieurs réaliseront la superstructure de la digue en gneiss et son parement en granit. Le niveau des hautes mers sera atteint en 1830.

Visitez la rade de Cherbourg à bord de la Vega

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